dimanche 17 mars 2013

L'Indigo

                                                                 Indigofera Tinctoria


Indigo - (de l'Inde), symbole de l’indépendance et de l’individualisme.
L'indigo est utilisé depuis 4000 ans.
Parmi les colorants naturels du bleu et des nombreux colorants synthétiques l'indigo n'a pas de vrai concurrent et pas un ne peut égaler sa beauté.
Seulement son frère clone synthétique au cours de ces 100 dernières années a presque tué l’indigo naturel. En effet, on ne peut pas voir la différence entre l’indigo naturel ou le bleu indigo synthétique.


On ne sait pas si l’indigo a été développé d’abord en Inde ou en Egypte mais durant des centaines d’années, l'Inde a été le plus grand producteur d’indigo. La plus grande quantité fut produite en 1897, ou 10.000 tonnes ont été exportées. Et puis le marché s’est écroulé. En 1913, 16 ans plus tard après l’introduction de l’indigo synthétique l'Inde exportait seulement 600 tonnes. Malgré tout, la production de l’indigo naturel a survécu et on peut toujours en trouver sur les marchés. En 1883 le chimiste Adolph von Bayer après 18 ans de recherche trouve la formule chimique de l’indigo. Il reçoit le prix Nobel de la chimie en 1905.




L’indigo végétal n’est pas soluble dans l’eau alors il faut le transformer, il s’agit de lui faire subir un processus de réduction qui transformera l’indigo insoluble en une matière tinctoriale soluble. Le processus est possible juste avec des bactéries (fermentation) mais en général on utilise des additifs : urine, hydrosulfate ou autres (selon les régions)

Les feuilles d’indigotier, sont récoltées à la main, puis séchées, pilées et compostées. Ce compost va ensuite macérer dans une solution alcaline jusqu’à ce que les feuilles libèrent leur substance tinctoriale et donnent une cuve remplie de bactéries. 

Bien entretenues, les cuves d’indigo peuvent vivre jusqu’à 9 mois, maintenues à température ambiante de 25 °. Elles sont quotidiennement soignées, veillées, égouttées. Les bactéries doivent être en forme pour donner tout son éclat et son intensité à la teinture.


La teinte des fibres
Le travail préparatoire est aussi important que la teinture elle-même. La fibre est préparée, elle doit respirer, pour accueillir la teinte. L’eau utilisée doit être absolument pure, pour ne pas tuer les bactéries.



Les fils sont placés dans le bain jaune (leuco indigo) pour un certain temps et puis exposés à l’air provoquant en quelques minutes une réoxydation et un changement du  jaune leuco indigo en bleu directement sur les fibres. Le bleu s’intensifie au fur et à mesure des immersions de l’écheveau dans la cuve. Tout l’art consiste à donner une couleur uniforme au tissu.
L’Indigo ne se mélange pas avec les molécules des fibres il reste sur la surface s'accroche mieux sur la laine et la soie que sur le coton ou le lin. L’indigo est résistant à la lumière mais pas aux abrasions ou aux frottements.



 La teinture obtenue par ce procédé, permet d’obtenir des couleurs inégalables par leur profondeur, leur éclat et leur subtilité. Mais le savoir-faire est exigeant et complexe. Pour un rendu des couleurs éclatant, le maître teinturier doit veiller sur ses cuves, savoir évaluer leur état, les laisser reposer si elles sont « fatiguées ».

Les nuances du bleu dépendent d’une infinité de conditions : température extérieure, santé des cuves, nombre de bains… Du bleu naissant au bleu divin, la teinte la plus foncée, presque nuit, il est possible d’obtenir au moins une douzaine de nuances différentes.

On prête à l’indigo naturel de multiples vertus, dont la protection contre les insectes et le soleil de plus il  ne produit pas d’allergie. Les tribus berbères comme certains des Touareg ont parfois des taches bleues sur la peau à cause de leur vêtement teint à l’indigo. Il parait que cela ne cause aucune réaction allergique mais qu’au contraire protège la peau et accélère la guérison des blessures.



Dans les pays asiatiques comme l'Inde, la Chine et le Japon, le pigment indigo est utilisé comme colorant depuis des siècles. Les anciens Egyptiens, les Grecs et les Romains étaient également familiarisés avec les possibilités de l'indigotier. Par exemple, les Romains utilisaient l'indigo comme pigment pour la peinture et à des fins médicinales et cosmétiques. Certaines tribus Celtiques qui vivaient au temps des Romains en Gaule, utilisaient l’indigo du Guède, pastel (plante) pour le camouflage. Julius Caesar (100-44 av. J.-C.) décrit cela dans son livre « De bello Gallico ». 


Lorsque Vasco da Gama a découvert la voie maritime vers l'Inde à la fin du XVe siècle, cela a conduit à une augmentation des échanges commerciaux avec l'Asie, et l’indigo d'indigofera tinctoria est devenu plus facilement disponible. Cela a peu à peu supplanté l'indigo extrait du pastel. La quantité de teinture obtenue d’un indigotier est plusieurs fois supérieure que celle du  Guède et est de meilleure qualité.



Au XVIe siècle, la république indépendante de Gênes en Italie, est à son apogée. Ses tissus sont réputés et parmi eux, une toile de laine et de lin servant à fabriquer des voiles pour les navires, des bâches, mais aussi des pantalons solides pour les marins. 

Importée dans le Nouveau Monde, cette toile 'de Gênes' s'anglicise, et par phonétique devient le 'jeans'.





En 1853, ce sont des tentes et des bâches faîtes de ce tissu qu'un certain Lévi Strauss, immigré allemand de 24 ans, tentera de vendre aux chercheurs d'or des mines de Californie. Mais finalement, c'est en y taillant des salopettes et des pantalons que son commerce fleurira !
Ces pantalons prendront bientôt le nom du tissu dans lequel ils sont confectionnés : le jean

Lévi Strauss décidera aux alentours de 1860 de remplacer ce lourd tissu peu adapté à cette confection, par une toile à armure de serge (forme de tissage) en coton, le denim, évolution du sergé de Nîmes, étoffe produite dans la ville française depuis le XVIIe siècle.
Le denim est alors communément teinté de bleu indigo : c'est la naissance du blue jean.