dimanche 4 août 2013

Velours de Kasaï ou Shoowa






Les textiles de raphia, fabriqués à partir de feuilles de palmier et décorés de motifs en « velours » ont une longue tradition en Afrique.
Le lieu d'origine du textile est situé dans la République démocratique du Congo, plus précisément le Royaume Kuba et ses peuples voisins, tels que le Ndengese et le Bushoong. Le Royaume Kuba a été fondé au début du XVIIe siècle. Kuba est un terme générique qui englobe plusieurs ethnies partageant un certains nombres de traits culturels et linguistiques.

Les Shoowa, les derniers venus, sont un peuple bantou de la forêt équatoriale du Congo. Ils se sont installés dans la région des rivières Sankuru et Kasaï (d'ou le nom des textiles) formant un groupe de 30 villages.



Ils s’adaptèrent au modèle Bushoong mais parlent une langue qui leur est propre. On ne leur connaît pas de mythe propre, leur broderie est peu entrée dans les musées mais a connu de longue date un succès commercial dans la région.
La broderie veloutée est l’essentiel de leur artisanat. Ces velours sont des tissus en raphia qui font en moyenne 45 x 55 cm et ont une couleur naturelle brun claire. Les tissus sont des objets de valeur parce, la fabrication pour une pièce peut prendre plusieurs mois parfois même plus qu’un an. Ils sont tissés par les hommes et brodés par les femmes enceintes.



La technique de broderie coupée consiste en passant avec une aiguille des fils entre les fils de chaîne et de trame, sans noeuds ni points de suture visibles. Les fils sont ensuite coupés pour laisser un tas ( velour) d'environ 2mm . C'est une technique qui exige une très grande habileté et les Shoowa sont les vrais maîtres de cette technique.





Les textiles étaient utilisés comme décoration, offrandes funéraires, monnaie, cadeaux pour fêter une naissance ou résoudre un conflit. Les pièces cousues ensemble formant des jupes étaient portées aussi bien par les femmes que par les hommes lors d’occasions rituelles.
Les Kubas sont des gens d’ordre, leurs villages tracées avec régularité, leurs maisons conçues avec symétrie, et les décors sur les objets sont d’une grande régularité, sauf les motifs sur les textiles. Les broderies Shoowa démontrent une volonté déterminée de distorsion et de détournement des principes de la symétrie.
Les Shoowa affichent une plus grande variété de dessins que les autres peuples de Kuba, qui sont étroitement attachés à leurs habitudes traditionnelles, les Shoowa serait en général moins conservateur.
Ils emploient un très vaste éventail de modèles dans leurs velours. En plus des quelques 150 différents modèles de base (losanges, carrés, hexagones, nœuds, etc), il y a d'innombrables variations individuelles.
Deux dessins sont particulièrement présent dans l’univers visuel des textiles et seraient mêmes à la base de tous les autres. Ils ont pour nom Woot et Imbol. Woot est dans la tradition le premier ancêtre et pour les Kuba il n’est jamais mort. Imbol signifie « le mediateur », médiateur entre l’homme et dieux.




Les textiles sont utilisés à des moments particuliers dans la vie rituelle, funérailles, cérémonies mythiques. Dans ces rites on trouve les principes de transformation comme dans le dessin des velours, aucune forme n’est jamais répétée exactement.
Au cours de son histoire textile l’Afrique a surtout fait usage de fibres végétales ; l’écorce, raphia, coton.
Les plus anciens tissus veloutés africains sont parvenus en Europe au XVII siècle mais peu ont été conservés. La majorité des pièces possédées par les musées et les collections privées ne remonte pas au-delà du XIXième  siècle.











De velours de Kasaï à kilim de Kasaï :
voici ce que nous avons fait avec quelques motifs qu'on aimait bien

                                                            dimensions : 333 x 270 cm
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